Only Watch: caritatives connexions entre Thomas Mercer et Monaco
Grâce à la précision de ses chronomètres de marine, l’armée britannique avait une longueur d’avance dans la manière de se repérer en mer. La marque Thomas Mercer fait revivre cette histoire pour la bonne cause.
Il était une époque, dans l’histoire de l’horlogerie, où l’Angleterre menait le jeu. Ses atouts étaient des garde-temps dont la précision permettait de déterminer la longitude lorsque, en pleine mer, les marins n’auraient eu d’autres repères que les voûtes étoilées et de savants calculs pour se positionner avec précision. Et puisque c’était trop long et que cela réclamait trop de science de maniement du sextant, les naufrages et les collisions étaient légion. Soudain, l’utilisation d’un chronomètre d’une remarquable précision embarqué à bord des navires, permit de résoudre ce meurtrier dilemme et d’assurer aux assoiffés de conquêtes des victoires jusque là improbables. Rarement la mission des horlogers eut à ce point de l’importance. Thomas Mercer était l’un d’eux, il fabriquait des chronomètres de marine.
De l’épopée originelle à l’aventure moderne
Thomas Mercer était établi à Londres dès 1858. Ses œuvres, qui avaient leurs entrées à la cour royale, se trouvent encore dans les musées horlogers ou de marine. En 2012, le nom de ce grand chronométrier ressucite. Ses descendants sont même impliqués dans l’aventure qui, au passage, fait revivre les grandes heures anglaises d’un secteur dont l’épicentre se déplaça naturellement en Suisse, pour cause de besoins de production en série. Car la demande était telle, et plus seulement en provenance de la Grande-Bretagne, qu’elle eut besoin des compétences helvétiques, en terme d’industrialisation maîtrisée, d’inventions nouvelles et de production soignée.
Thomas Mercer Brittanica pour Only Watch
Ainsi, plus de 150 ans après, ces objets oubliés trouvent peu à peu en cette histoire relancée de fervents ambassadeurs ainsi que leur lot de nouveaux collectionneurs. Le Chronomètre de marine est, historiquement, le maillon manquant entre l’horloge de clocher – descendue ensuite dans les intérieurs cossus sous la forme d’horloges à pendules – et la montre de poche qui, au fur et à mesure que les arts de la miniaturisation gagnaient du terrain, ont fini par se retrouver au bracelet de tout un chacun.
Evidemment, faire revivre des pièces dont la taille est aujourd’hui bien plus grande que ce que les maîtres en horlogerie mécanique ont l’habitude aujourd’hui de cerner avec leurs loupes et leurs savoirs ès complications, cela relève du défi. Il s’agit d’une nouvelle conquête que la marque Thomas Mercer s’emploie depuis trois années à mener, écumant les salons horlogers, du britannique QP à l’incontournable et mondial Baselworld. Elle a pris l’option de le faire non pas en reproduisant des pièces anciennes à l’identique mais avec les techniques et les matériaux maîtrisés aujourd’hui, mais en privilégiant la sophistication la plus extrême, les talents manuels, ainsi qu’une modernité résolument novatrice. Si les adeptes se comptent pour l’instant sur les doigts de la main, leurs moyens dépassent largement ce qu’une main est capable de compter. Et pour cause.
Alessandro Quintavalle, CEO de Thomas Mercer installe en vitrine la première Brittanica
Brittanica, cuir blanc et sang bleu
Parmi les créations qui occupent cette nouvelle venue, hormis l'Observatory une pièce ultra complexe et monumentalement incroyable qui lui permet d’illustrer l’étendue de ses savoir-faire – nous y reviendrons – la marque Thomas Mercer s’apprête à commercialiser Brittanica, un chronomètre de marine dont l’esthétique a été confiée à Jake Phipps, un designer de meubles lui aussi britannique dont la signature figure déjà au tableau de la reconnaissance mondiale.
Ce praticien des rendus géométriques issus de sa fascination pour les cristaux d’origine minérale, a créé un meuble élégant, raffiné, de forme octogonale. Un cabinet gaîné de cuir blanc griffé Foglizzo – le même que celui qui tapisse les intérieurs des yatchs les plus luxueux – dont la structure métallique – de l’acier inoxydable 316 L poli – offre à des cristaux extra purs des surfaces dont la transparence autorise les plongées visuelles sur le mécanisme. Le blanc et le bleu s’épousent harmonieusement en de maritimes noces.
Le cadran représente le ciel de Genève à la date et heure de la vente aux enchères
De tous côtés, le calibre est visible, ses mouvements perceptibles. Il s’agit d’une construction mécanique répondant au nom de référence TM0802, dotée d’une réserve de marche de huit jours, conformément aux performances chères à Thomas Mercer et à ses chronomètres. Son système de transmission est comparable à une chaîne-fusée, avec un échappement à détente à spiral cylindrique, agissant comme une boîte à vitesse particulièrement fiable en matière de régularité de couple et de stabilisation des énergies transmises. La fréquence choisie est de 14’400 alternances par heure. Une vis de réglage affine la quête de précision. La construction, dont certains éléments sont en alliage Invar – une référence au monde de l’horlogerie – résiste aux variations de température et aux écarts d’hydrométrie.
Premier exemplaire offert
Pour la première fois et avec le tout premier exemplaire de ses Brittanica, Thomas Mercer participera en 2015 à Only Wach, la plus incontournable et médiatique des ventes aux enchères horlogères. Cette biennale caritative met en scène une presque cinquantaine de pièces uniques offertes par le gratin des marques d’excellence à l’association monégasque de lutte contre la myopathie de Duchenne, cette affection auto-immune dont la rareté n’intéresse pas suffisamment les mastodontes pharmaceutiques pour qu’ils y investissent d’eux-mêmes les sommes nécessaires à la recherche. Ainsi, tous les deux ans, sous le haut patronnage de son prince régnant, la Principauté déroule un tapis rouge à haute valeur médiatique ajoutée, aux marques horlogères qui lui offrent en retour le fruit de la vente de leurs pièces uniques. Thomas Mercer, cette pousse nouvelle bardée d’histoire et d’altruisme qui porte en son ADN les embruns marins et les sillages des yatchs luxueux, ne pouvait pas ne pas accoster un jour en ces rivages. Et quand bien même la vente aura-t-elle lieu à Genève, il s’agit d’une première, c’est bien de Monte-Carlo qu’elle entendra les vivats réservés à son entrée dans le vieux port…
Le boîtier est réalisé en acier inoxydable recouvert de fin cuir blanc
Photos: Thomas Mercer and Only Watch Charity Auction